L’époque victorienne, d’après le règne de la reine Victoria (1837-1901), est riche en fantaisies architecturales. Plusieurs tendances y apparaîtront que l’on peut regrouper sous deux philosophies.
- D’une part, l’historicisme qui désigne la mise à la mode des styles du passé et leur imitation ;
- D’autre part, le syncrétisme, qui puise sans vergogne dans ces styles les éléments les plus divers moins pour les reproduire que, en les fusionnant, pour gréer un style nouveau, représentatif d’une époque qui se cherche.
L’éclectisme de l’époque victorienne prendra la place du néo-classicisme anglo-saxon vers le milieu de 19e siècle et reprendra de la vigueur au début du 20e siècle avec le renouveau classique dont témoigne la maison des sœurs sur Marie-Victorin.
Parmi les tendances qui se manifestent à Boucherville dans l’éclectisme de l’époque victorienne, on distingue les tendances les plus diverses dont 3 sont particulièrement marquées :
- Le courant italianisant, emprunté à la Renaissance, évoquant les ordres antiques ;
- Les cottages et villas pittoresques à décrochés, tourelles, belvédères, fenêtres en saillie construites de 1880 à 1920 environ ;
- Le décor éclectique appliqué à quantité d’édifices antérieurs remis à la mode du jour.
Le vieux Boucherville, à l’exception de quelques voisinages restreints, possède encore le cadre champêtre qui renforcé de la proximité du fleuve et de son archipel, justifie la prolifération des perrons, porches, terrasses, belvédères, solariums, vérandas, galeries et balcons. Tous ces éléments animent le paysage et en donnant du relief aux bâtiments, ils les prolongent dans l’environnement et les rendent accueillants.
Il est difficile d’établir le caractère de l’éclectisme puisque par définition les maisons créées dans cet esprit n’ont pas nécessairement de similitudes typiques entre elles. L’éclectisme s’inspire de sources diverses et par conséquent le dénominateur commun qu’on peut noter est la complexité qu’on retrouve dans les formes, le plan, les volumes et l’ornementation. Cette complexité est alimentée par le mélange des styles à partir de deux ou trois sources d’inspiration. Conception néoclassique avec emprunts au Roman, à la Renaissance française ou italienne ; toiture conique jouxtant un toit à deux versants ou un toit brisé ; influences italiennes alliées au Gothique ou au Second Empire. L’ornementation marquée par un traitement géométrique fortement ouvragé et diversifié rend presque impossible son appartenance à un style bien défini. Dans l’architecture domestique, l’éclectisme amène aussi à ajouter ou superposer des éléments aux caractéristiques architecturales existantes allant jusqu’à habiller partiellement ou totalement une maison d’une période antérieure.
Très souvent, les maisons de ce courant sont situées dans les villages ou à proximité. Elles sont construites pour des gens aisés désireux de se distinguer par une maison hors de l’ordinaire.
Par mis les éléments d’architectures empruntés on retrouve :
- Tour centrale sur plan carré coiffée d’un toit en pavillon avec ou sans terrasse faîtière (architecture du Second Empire) ;
- Disposition symétrique des ouvertures obéissant aux préceptes classiques ;
- Corniche de toit ornée d’énormes consoles en paires (dérivé du Néo-italien) ;
- Chambranles et frontons lourds et ouvragés couronnant les ouvertures :
- Portes ornementées :
- Ornementation, mouluration et boiseries à la géométrie savante, balustres aux découpes compliquées,
- Consoles ouvragées supportant les abris de galerie,
- Pignons à corniches ornementées,
- Entablement classique,
- Grande lucarne interrompant l’avant-toit avec balcon ornementé, supporté par des colonnettes,
- Lucarne pignon en façade et galerie supportée par des pilastres,
- Acrotères et crêtes ornant pignon
- Frise de porche, etc.
Texte écrit par André Serge Blais, architecte
Nomination : 17 maisons proposées
1er prix : 595, boulevard Marie-Victorin
2e prix : 17, rue Guérin
3e prix : 434-436, boulevard Marie-Victorin
Mentions :
6, de la rue Desmarteau
3-5, rue de la Perrière nord